Murex e color porpora

Murex e color porpora

Jésus, Mardochée, Lydie ont porté des vêtements de couleur pourpre. Quel est le lien avec le murex ? Petit détour par la salle 2 des Antiquités orientales où ce coquillage est exposé.
Coquillage inscrit au nom de Rimush, roi de Kish AO 21404 Vers 2270 avant J.-C. Murex importé de la
Mer Rouge ou du Golfe
arabo-persique
Richelieu R-d-C salle 2 vit 2
Le nom murex est emprunté au latin murex. Dans l’Antiquité, ce terme désignait les mollusques gastéropodes dont on extrayait la pourpre sur la côte phénicienne. La Bible mentionne indirectement le murex ; deux espèces méditerranéennes communes, le poivre (Murex trunculus) et la droite épine (Murex brandaris), étaient les fournisseurs d’une teinture pourpre coûteuse dont on teignait les tissus aux temps bibliques. AA145

Dans la partie supérieure
du corps de ces mollusques
se trouve une petite glande
qui ne renferme qu’une gouttelette de liquide.
 
Ce suc a la couleur et la consistance de la crème;
exposé à l’air et à la lumière,
il prend une coloration
qui va du violet foncé au
pourpre rougeâtre.  
La nuance de leur coloration
varie selon l’endroit où
on les pêche.

On trouait l’un après l’autre les plus gros spécimens, desquels on extrayait soigneusement le précieux liquide ; quant aux plus petits, ils étaient broyés dans des mortiers.  La Phénicie était particulièrement réputée pour son industrie de la pourpre.

Les robes de pourpre royale, ou tyrienne, se vendaient extrêmement cher, car, pour teindre quelques mètres de tissu, il fallait plusieurs milliers de coquillages. On estime qu’il fallait environ 8 000 murex pour obtenir 1 gramme de teinture pourpre.

L’animal qui vit à l’intérieur de ces coquilles fournissait la très précieuse teinture pourpre.
Il fallait environ 8 000 murex  pour obtenir 1 gramme  de teinture pourpre.
La Bible mentionne
indirectement
le murex
La pourpre est devenue le symbole de la royauté, de la dignité et de la richesse.
Tyr était le principal port maritime de la Phénicie antique, région qui correspond aujourd’hui au Liban. Cette ville était réputée pour son commerce florissant d’étoffes teintes avec un colorant vif : la pourpre ; connu, dans l’Empire romain, sous le nom de pourpre tyrienne.
“ Fils d’homme, profère sur Tyr un chant funèbre [...]. En lin d’Égypte de couleurs variées était la toile que tu déployais pour te servir de voile. Le fil bleu et la laine teinte en pourpre rougeâtre, voilà ce qui formait la couverture de
ton pont. [...] Ils étaient tes commerçants en vêtements splendides. ”
- Ézékiel 27:2, 7, 24
Une des techniques utilisées par les Hébreux pour imprégner la laine d’une couleur pourpre consistait à la faire tremper dans du jus de raisin toute une nuit, puis à la saupoudrer de garance pulvérisée. On obtenait aussi la teinture pourpre à partir de coquillages marins, les murex. AA146
« Et voici les vêtements qu’ils feront : un pectoral et un éphod, un manteau
sans manches et une robe en tissu quadrillé, un turban et une écharpe ;
ils devront faire les vêtements sacrés pour Aaron ton frère et ses fils,
afin qu’il me serve en tant que prêtre. Et eux, ils prendront l’or et le fil bleu,
la laine teinte en pourpre rougeâtre, le tissu teint en écarlate de cochenille
et le fin lin. » - Exode 28:4-5
Il faut noter ici
l’énorme quantité de
coquillages nécessaire et
son coût élevé.
Pour les israélites
qui se trouvaient alors
en plein désert,
c’était assurément une
réelle contribution pour
le culte,
et ‘une offrande élevée’
-  Exode 25:1,4.
Hôpital Cochin Paris Sous les arcades du cloître,
on trouve deux statues. 
L’une d’elle représente un
grand prêtre israélite. Sur son front, ‘une plaque brillante en
or pur’ sur laquelle sont
gravées ces paroles : « La sainteté appartient à YHWH ».
On notera aussi le détail
du manteau sans manche
et de l’éphod.
En raison de son coût onéreux, la pourpre est devenue le symbole de la royauté, de la dignité et de la richesse. A Rome, c’est le symbole du pouvoir. La largeur de la bande pourpre portée sur la toge et la couleur plus ou moins vive des vêtements rouges indiquent le statut social du porteur du vêtement.

 « Quant à Mordekaï
il sortit de devant le roi,
avec un vêtement royal d’[étoffe] bleue et de lin,
avec une grande
couronne d’or et un
manteau de tissu fin,
oui de laine teinte en
pourpre rougeâtre. »
 

Esther 8:15
voir aussi Esther 1:5-6

Le Triomphe de Mardochée
INV. 8219
Jean-François de TROY 1739
A cheval et revêtu
du manteau royal,
Mardochée, qui avait jadis
sauvé Assuérus
d'une conspiration fatale,
est conduit en triomphe
par son ennemi Aman.
Des décrets impériaux stipulaient même que celui du commun peuple qui osait se vêtir avec la plus raffinée des pourpres se rendait coupable d’un crime de lèse-majesté. Ce qui explique peut-être le geste des soldats qui revêtirent Jésus d’un vêtement de couleur pourpre.
« Les soldats tressèrent
une couronne d’épines et
la lui mirent sur la tête et
le revêtirent d’un vêtement
de dessus pourpre ;  et
ils s’approchaient de lui
et disaient : “ Bonjour, Roi
des Juifs ! ”  Ils se mirent
aussi à lui donner des gifles […] Jésus sortit donc dehors, portant la couronne d’épines
et le vêtement de dessus pourpre. Et Pilate leur dit : “ Regardez ! L’homme ! ”
- Jean 19:1-7
Le Christ devant Pilate
 
R.F. 1997-20
Tadeusz KUNTZ
 

Zielona Gora (Grünberg,
Silésie), 1732
 
Denon 1er étage salle 21

On retrouve deux autres occurrences de la pourpre dans la Bible.

Le livre des Actes parle ainsi d’une « certaine femme nommée Lydie, une marchande de pourpre, de la ville de Thyatire » (Actes 16:13-15) et l’Apocalypse « d’une femme assise sur une bête sauvage de couleur écarlate […] revêtue de pourpre et d’écarlate, parée d’or et de pierres précieuses. Et sur son front était écrit un nom, un mystère : “ Babylone la Grande, la mère des prostituées et des choses immondes de la terre. ” -  Révélation 17:3-5